Comment les perroquets font-ils pour parler?
En fait, les oiseaux et les humains produisent des sons un peu de la même façon. Nous communiquons par la parole et les chants grâce à des instruments de musique très sophistiqués. Celui des humains s’appelle le larynx, tandis que celui des perroquets se nomme la syrinx. Ce sont des instruments à vent que l’on fait vibrer avec l’air de nos poumons.
Chez les humains, l’air expiré des poumons traverse le larynx qui se trouve au niveau de la gorge. Celui-ci est un peu comme un tuyau où l’air rencontre deux bandes élastiques, faits de muscles, qui vont vibrer afin de produire un son : ce sont les cordes vocales. Comme le larynx est constitué de cartilages attachés à des muscles, sa position et son étirement peuvent être modifiés pour produire des sons graves ou aigus. Le palais, les dents, la langue et les lèvres «sculpteront» les sons pour les transformer en syllabes et en mots.
Chez les oiseaux, la syrinx a la forme d’un «Y» à l’envers et elle est située à la sortie de leurs poumons. Également formée de cartilage, elle ne comporte pas de cordes vocales; ce sont les parois qui vibrent pour produire les sons. Lors de l’expiration, l’air qui entre dans la syrinx provient de deux endroits à la fois et plusieurs groupes de muscles peuvent contrôler les vibrations. Cela permet aux oiseaux de produire des chants très variés et même d’émettre deux sons différents en même temps! Avec un tel équipement, ce n’est pas étonnant que certains oiseaux puissent imiter la voix humaine et répéter des mots avec tant de talent.
Est-ce que les perroquets comprennent ce qu’ils racontent?
Les perroquets ne sont pas des oiseaux chanteurs, mais ils sifflent, crient et vocalisent dans un langage propre à leur espèce et à leur groupe. Ils sont prédisposés à imiter le langage humain puisqu’ils ont besoin de communiquer pour être heureux. Du point de vue de votre ami à plume, son groupe pourra être formé des humains de la maison, mais également du chat, du chien et des autres oiseaux. Parfois, il prendra ses enseignements d’autres membres moins animés de la famille, comme la télévision, la sonnette de la porte et peut-être même, la cafetière…
Il est clair que chaque mot répété et chaque son imité n’auront pas la même signification pour lui que pour vous, mais il fera ses propres associations en fonction de ses besoins à lui. Avec la routine, les premiers mots que vous lui direz le matin seront associés à des salutations et il y a de bonnes chances qu’il les crie lorsqu’il aura envie de vous voir. Les derniers mots avant la nuit seront associés à l’heure de dormir et peut-être qu’il vous les dira si vous oubliez de couvrir sa cage, par exemple, à la fin de la soirée. Avec un peu d’entrainement, un perroquet peut en apprendre beaucoup.
Aux États-Unis, la Docteure Irene Pepperberg a conduit un projet de recherche sur le langage avec Alex, un Gris d’Afrique. Les résultats de cette recherche qui a duré une trentaine d’années, l’âge auquel est décédé Alex, ont changé les perceptions que les scientifiques avaient de l’intelligence des oiseaux. Non seulement Alex comprenait 1000 mots, mais il comprenait le sens et pouvait employer 150 mots de la bonne façon. Entre autres, il pouvait compter de petites quantités d’objets jusqu’à 6 et comprenait le concept de «zéro». Il pouvait décrire les objets en nommant leur couleur (il en connaissait 7), leur forme (il en reconnaissait 5) et leur taille par rapport aux autres (tel objet est plus petit que… ou plus grand que…). C’est le tout premier animal, à l’exception de l’humain, à avoir formulé une question en demandant de quelle couleur il était. Cela ne s’est jamais vu dans les études faites avec les primates, qui arrivent pourtant à communiquer avec le langage des signes et qui sont reconnus pour avoir une intelligence très développée. Alex a profité de l’entrainement que lui a offert la docteure Pepperberg, pour développer ses capacités au maximum; il était exceptionnel. Grâce à lui, l’idée qu’un oiseau ne fait que répéter comme un robot les sons qu’il entend est de moins en moins répandue!


Pourquoi certains oiseaux peuvent parler alors que d’autres, non?
Bien que tous les oiseaux possèdent une syrinx, sa forme et son développement varient énormément d’une espèce à l’autre. C’est pour cette raison que le talent d’imitation est très inégal à travers les espèces, même à l’intérieur du groupe des perroquets. Aussi, les mâles ont souvent la syrinx plus développée que les femelles, ce qui leur donne un avantage pour le chant et les imitations. Les meilleurs perroquets parleurs seraient le Gris d’Afrique, la Perruche ondulée, le Quaker et les Amazones. Malgré les tendances observées, il y a beaucoup de représentants de ces espèces qui ne parleront pas ou très peu de toute leur vie bien qu’ils soient «équipés» pour le faire. Au contraire, certains individus d’autres espèces réputées pour être moins talentueuses développeront des habiletés étonnantes. C’est une erreur de vouloir généraliser.

La capacité à apprendre des mots et des sons vient de plusieurs facteurs. Il faut développer une relation de confiance avec son perroquet, il lui faut un milieu enrichissant et stimulant et une bonne santé afin qu’il puisse s’épanouir et vouloir communiquer avec vous. Les techniques d’enseignement peuvent avoir un rôle, mais parfois même toutes les conditions réunies ne donnent pas les résultats attendus puisqu’il faut tenir compte de la personnalité de chaque individu. Il communiquera à coup sûr avec son groupe, mais il décidera de ses méthodes. Sélectionner un perroquet pour sa capacité à parler est une mauvaise façon de commencer une relation. Laissez-le être lui-même : vous développerez un langage propre à votre groupe et vous serez surpris de tout ce qu’il aura à vous montrer!